Notre-Dame de Paris sauvée !

16 avril 2019

Merci aux Hommes du Feu, indéfectiblement admirables.

C’est moins dramatique que prévu. Les beffrois, dont les cloches ne sont pas tombées, et l’intérieur sont peu abîmés – sauf le point de chute de la flèche. Hormis la toiture à refaire, il faut reconstruire un orgue, rhabiller des rosaces et des vitraux. C’est l’instant de se montrer digne des Anciens et prouver qu’avec de nouvelles techniques on peut, non pas copier, mais s’inspirer de leur réalisation pour relever ce fleuron du patrimoine français. La solidarité internationale est là, pas de Paris sans Tour Eiffel, pas de Paris sans Notre-Dame.

« FLUCTUAT NEC MERGITUR ! »

C’est le moment de tenir ferme la barre, c’est le moment du Fluctuat !

SAINT-ÉTIENNE DE METZ ET NOTRE-DAME DE PARIS, SŒURS JUMELLES DANS L’ADVERSITÉ

 

NE PLEUREZ PAS : NOUS L’AVONS DÉJÀ FAIT, ALORS VOUS LE FEREZ !

6 mai 1877

Dans la Moselle annexée, Guillaume Ier, empereur d’Allemagne, vient visiter Metz, avec toujours dans l’idée d’en faire sa capitale.

Pour cette occasion exceptionnelle, une grande cérémonie est décidée et un feu d’artifice doit être tiré depuis les toits de Saint-Étienne, la cathédrale messine, qui arbore encore son portail baroque.

Ce point phare de la célébration tourne au drame, car un incident se produit lors du tir des fusées et le toit du monument s’embrase, la charpente est complètement détruite, la toiture ravagée. Petit miracle, l’intérieur de la structure est indemne, les voûtes ont tenu, rien ne s’est effondré.

Se sentant responsable de ce sinistre, Guillaume Ier tient à payer de sa bourse la reconstruction. Après son décès en 1888, les travaux se poursuivront jusque sous le règne de Guillaume II. Les architectes décidèrent d’entrée de modifier différentes parties du bâtiment.
À l’intérieur, de 1874 à 1887, une restauration des piles et des arcs-boutants de la nef et du chevet compléta la restauration des voûtes.

À l’extérieur, ils commencèrent par la toiture et lui donnèrent de la hauteur alors qu’elle était antérieurement plate. Saint-Étienne vit donc sa couverture réalisée en plaques en cuivre gagner 4,5 m de hauteur. Pour la charpente, une technique française de fermes métalliques fut choisie, celle « à la Polonceau » (du nom de Camille Polonceau, ingénieur reconnu) entre 1880 et 1882. Cette surélévation s’accompagna de la création, entre 1883 et 1886, de pignons ornés sur les façades nord, sud et ouest.

Le portail latéral sud, auparavant masqué par les arcades, fut dégagé en 1885. Il fallut donc décaisser de deux mètres pour rattraper le niveau de la place d’Armes. Les sculptures furent démontées et restaurées par le sculpteur Dujardin.

En 1888, les restaurations portèrent sur Notre-Dame-du-Carmel, ancien chœur de la collégiale. Elles consistèrent à refaire la charpente et à rouvrir les fenêtres occultées par le portique néoclassique. La chapelle des Évêques suivit à son tour en 1895.

Dans ces mêmes années, Paul Tornow, architecte principal responsable du chantier, en 1898, décida d’abattre le portail Blondel qu’il jugeait en dysharmonie avec le reste du bâtiment (on peut y voir là l’influence de Viollet le Duc), et créa un porche néo-gothique.

Il fallut 30 années de travaux pour venir à bout de ce chantier. L’inauguration eut lieu en grande pompe en 1903.

Les cathédrales sont des vaisseaux de pierres enchantées, énergétisées par la foi, elles surmontent les siècles et les drames nés de l’inconséquence des hommes, renaissant de leurs cendres tels des phénix devenus immortels.